Article : Plus la médecine avance, plus il y a de malades.

La médecine devient de plus en plus technique, et je me désole de voir mon métier de soignant, dans toute la grandeur du terme, réduit à un acte technique. Il n’y a pas de vision de l’homme, les compétences sont de plus en plus restreintes.

Les solutions viennent de la manière dont on réfléchit et dont on utilise la technique. Se faire utiliser, absorber par la technique sans réfléchir -la manière avec laquelle on prescrit les scanners sans réfléchir le montre bien- n’a jamais été la solution.

Pour pouvoir réfléchir différemment il faut intégrer d’autres paramètres dans la réflexion, pour que celle-ci prenne une autre dimension. Si nous voulons que la médecine soit plus efficace, avec des traitements mieux adaptés générant moins d’effets secondaires, et une réduction des coûts, il faut modifier la manière de penser le corps. C’est bien beau d’être à l’aise et très compétents dans des protocoles thérapeutiques, de se congratuler entre spécialistes, la réalité humaine appréhendée est toujours très pauvre. Les mêmes sujets abordés de la même manière sont rabâchés en permanence, avec de légères différences pour faire croire en la nouveauté, en se félicitant, c’est bien triste! Les concepts n’évoluent pas, de congrès en congrès, de publication en publication, on reste toujours très éloignés de la vraie nature de la santé et de la maladie. Quand on considère tout ce qui pourrait être fait et pensé pour le développement de l’homme, on ressent la bride de la pensée commune plus cruellement encore.

C’est étonnant : plus la médecine avance, plus il y a de malades. Triste constat.

Là où on aurait d’abord traité, et fait des imageries complémentaires dans un deuxième temps en cas d’inefficacité du traitement, on se retrouve maintenant d’emblée avec des IRM et arthro-scanners qui n’apportent strictement rien, ni pour le diagnostic, ni pour le traitement (par exemple dans l’arthrose). Il est bien loin le temps de mes études où l’IRM et le scanner étaient utilisés avec raison et parcimonie !

Les patients comprennent tellement peu leur santé qu’ils sont maintenant les premiers à demander plus d’examens. Ils ne comprennent pas qu’avec toute l’imagerie dont on dispose on n’arrive pas à soulager leurs douleurs, alors ils craignent d’avoir quelque chose de plus grave à cause de cette confusion qui fait croire que toutes les solutions vont venir de la technologie et du progrès technique.